[Suivi] Main courante - activités régulières de la Compagnie

L'intendante de la Compagnie s'était levée aux aurores et avait fait le pied de grue auprès de l'officier du moral, attendant visiblement le passage de l'intendant permanent du contingent.

Las, celui-ci était parti pour Hurlevent afin de se réapprovisionner personnellement en potions. Plusieurs soldats se plaignaient depuis trois jours de maux de ventre, diarrhées et maux de tête. Les médecins du contingent étaient occupés sur la plage, les soigneurs de la Compagnie fonctionnaient par tours à la Redoute Vermillon. Il fallait bien que quelqu'un s'en charge !

Caerta avait écouté patiemment l'officier, modérément contrariée, prévoyant de laisser un mot à l'intendant. Elle souhaitait mettre au clair l''affirmation entendue la veille de la bouche d'une mercenaire de chasse. Léati avait traitée la chasseresse de " folle ", mais si la vente de poudre par des soldats était avérée, il conviendrait de prendre des sanctions. Le Capitaine n'avait toujours pas répondu à son message sur le sujet.

Le portail de communication entre le Fort et Hurlevent avait laissé passer ce matin un couple de Gnomes chargés de bagages et de boites à outils. Le trafic avait d'ailleurs été interrompu, la Gnome ayant interrogé avec une grande curiosité des chamans Draenei atterrés sur le fonctionnement du portail chamanique.

Le Capitaine et l'intendante les avaient reçus immédiatement. Un petit tour du bastion leur avait permis de prendre leurs marques.

Martille Rocambule, en sa qualité de mage ès l'ingénierie méthodique arcanique, avait proposé ses services à l'effort de guerre dans le cadre d'une subvention du Kirin Tor. Si ses travaux concernaient particulièrement les modifications de matières sous influence, elle allait être dans un premier temps intégrée au groupe de recherche de la Compagnie sur la statuette perdue par la sorcière Naga. Le Capitaine avait insisté sur l'urgence de la recherche. Son compagnon Vintz Mekkarbure serait affecté à la réparation d'engins militaires et à la récupération de pièces sur les champs de bataille.

Message Holovox destiné à toute la Compagnie :

" A l'attention des membres de la Compagnie, message de Caerta Fièrargent. Je suis sur Hurlevent afin de me rapprovisionner en fournitures. Le Capitaine Aubelumière s'occupe quant à lui au Donjon de la déposition relative au décès du prisonnier.

Eu égard au caractère imprévisible des mauvais rêves, permission est donnée aux membres des escouades et de la section Recherche de dormir en dehors du Fort s'ils trouvent un endroit sûr. L'astreinte n'est cependant pas levée.

Envoyez-moi un message s'il vous faut du matériel particulier, tant que je suis sur place. Nous serons rentrés au plus tard dans deux jours. Terminé "

Message reçu sur l'Holovox de chacun des membres de la Compagnie. La voix est inégale.

" A l'attention des membres de la Compagnie, message de Caerta Fièrargent. Je prends quelques jours de permission exceptionnelle pour me rendre à Thelsamar. L'officier Drewry m'a informée qu'Aile-de-Mort à survolé la région du Loch avec de nombreuses pertes. " (brève pause) " Je... n'ai toujours pas de réponse concernant mes parents. Je me rends sur place. L'officier Drewry se chargera de la réception des vivres à ma place dans l'intervalle mais je suis joignable en cas de besoin. " (un silence) " Terminé. "

Le Capitaine Aubelumière à son bureau notifiait les disparitions de Léati Tayra et de Towann Stormrunner. Klenval avait l'habitude de gérer des têtes brûlées aux fortes personnalités, des soldats d'élite parfois trop indépendants pour être rigoureusement disciplinés. Mais cette fois ci, dans les deux cas, les absences étaient trop inquiétantes.

L'ancienne mercenaire avait visiblement quitté les lieux, emportant tout son matériel, ne laissant que le communicateur. Il serait difficile de la contacter pour lui demander des explications. Depuis plusieurs mois maintenant, elle multipliait les actions en dehors de ses affectations, et cette fois, Klenval ne pourrait pas la couvrir. Il mentionna dans son rapport qu'elle avait quitté le fort et la Compagnie, laissant à l'état major le soin de décider de son statut de déserteuse. Aucun message n'avait expliqué le choix de Léati, que le Capitaine aurait pu comprendre et respecter de la part d'une sœur d'armes. Mais la guerrière était partie sans un mot, et Klenval se sentait blessé, trahi.

Plus inquiétant, le soldat Stormrunner avait disparu sans laisser de trace. S'il avait toujours été trop discret, et qu'il avait la fâcheuse habitude de quitter le fort et de s'absenter sans prévenir, parfois longtemps, la présence de tout son matériel au fort laissait présager d'un soucis plus grave. Le Capitaine avait commencer à enquêter au fort, sans réel succès. Il était difficilement concevable qu'un combattant aussi expérimenté parte dans les Hautes-Terres sans mesure de précaution, l'issue la plus convaincante était donc le portail vers Hurlevent, où Klenval comptait diriger la suite de ses recherches.

Les récents évènements avaient remonté le prospecteur à bloc. Les facéties des soldats le rendaient vite exécrable, en particulier lorsqu'elles visaient à le ridiculiser. L'humour n'était définitivement pas sa plus belle qualité.

Encore que cela dépendait de l'angle de vue avec lequel on tentait de l'apprécier. On riait beaucoup du côté de la jetée où mouillait le cuirassé, ce matin-là. Jimbo Joe avait été un parfait crétin : ivre de vengeance après avoir été expédié dans les fonds marins par le truchement de la hiérarchie, ce-dernier avait provoqué une sacrée zizanie en diffusant aux quatre coins du fort des pages d'un roman sulfureux, dérobé dans le bureau de l'état-major. Grimferson avait vraiment détesté courir après ces maudits feuillets, et la tempérance du Capitaine ne l'avait clairement pas rassasié au moment de demander des comptes à l'impertinent. C'est ainsi que, "puisque tu aimes tant faire circuler des fions" avait-il donné comme ultime justification, le nain s'était glissé près de Jimbo alors qu'il veillait pendant la nuit, puis assomé, bâillonné, défroqué et enfin proprement hissé à l'aide d'une solide corde en haut des mâts.

On riait beaucoup, c'était un fait. Bonnie, la gardienne des écuries, s'amusait beaucoup moins de son côté. On l'avait retrouvé elle-aussi cul-nu et bâillonnée, le fessier rougi. On la libéra prestement après quelques rires aux larmes et elle se mit à vociférer à propos d'un nain rustre, pour rester courtois, qui lui aurait donné la fessée parce qu'il estimait qu'elle lui avait manqué de respect en le traitant de "sôt". Elle omis naturellement d'expliquer comment elle s'était laissée approcher : la vérité était ailleurs.

Baxter, l'officier du ravitaillement, s'était elle aussi réveillée avec une mauvaise surprise. Outre une terrible migraine, et le constat de la disparition de ses précieux feuillets érotiques, elle releva dans l'après-midi l'absence d'un fut de Thunderbrew. Ses hurlements et ses menaces malsaines avaient amené quelques gardes à témoigner : un nain bien bâti avait été vu en train de courir à direction du fort, un tonneau sur l'épaule gauche. "De toute façon", avaient admis les délateurs, "il aurait pas payé son coup".


Tumultueux Stormpike...

Au petit matin, l'entrée du Fort s'ornait d'un graffitti au goût douteux.


Caerta observa longuement l'oeuvre, la tête penchée sur le côté. Si elle avait un petit doute sur son auteur, elle n'en avait pas beaucoup concernant le modèle.

Towann semblait avoir perdu sa tendance à s'éclipser du fort depuis son enlèvement. Mais ce fut lundi qu'il brisa son parcours sans faute, précisément après que Hauterive aie reçu le courrier. Mais cette fois-ci, sa voix parvint sur la fréquence.


"Navré de m'être encore eclipsé mais les Frostblade s'attaquent au reste de ma famille. Ils s'en sont récemment pris à mon fils et ma compagne, que j'ai rejoints à Reflet-de-Lune. Les Frostblade sont capables de nous pister et la résolution du problème se trouve peut-être dans le laboratoire évoqué par l'autre brute. Je demande la permission de rester à Havrenuit pour protéger ma famille d'ici là, l'endroit pourrait nous servir de point de chute si nous nous rendons dans ce laboratoire."

En recevant le message, l'intendante avait poussé un grondement outragé suivi d'une floppée de commentaires à moitié audibles, entrecoupés de " justiciables ", " incapables ", " moyens qui se perdent ", " travaux pour l'intérêt général ", qui firent ouvrir de gros yeux à l'officier Drewry. Le pauvre homme resta les bras ballants devant le bureau tandis que Caerta allait trouver le Capitaine en marchant pesamment.


Le Capitaine Aubelumière frotta à plusieurs reprises sa barbe claire, songeur. Le premier Frostblade capturé n'avait pas encore été entendu devant le tribunal spécial, mais il pouvait éventuellement être rejoint par le reste de ses proches. Il était préférable, en tout état de cause, de procéder au règlement de l'affaire rapidement pour éviter l'implication de civils.

Après consultation des rapports, il procéda à la constitution de l'escouade et à l'attribution des ordres de missions spécifiques. Les comptes-rendus faisaient état d'une mage.

Caerta et Klenval se fixèrent un instant en silence sous une paire de sourcils froncés. L'intendante capitula.


***

" Message à Towann Stormrunner, ici Caerta Fièrargent. Le Capitaine vous envoie une escouade réduite. Restez en contact avec nous d'ici son arrivée. * une petite pause * Le Capitaine juge préférable d'adjoindre au groupe un mage, dans l'hypothèse où vous seriez confrontés à la tante de Frostblade. Soyez tous prudents. "